Quand on est enfant, on regarde les grandes personnes avec admiration. Avec naïveté, aussi. Certains de ces adultes nous inspirent tellement qu’on finit par les prendre pour modèles. On se projette, en s’imaginant un jour à leur place : on se dit que « plus tard » on sera belle comme Kate Moss, drôle comme Cameron Diaz et qu’en plus de parler 5 langues comme Natalie Portman, on collectionnera les médailles, comme Steffi Graf…
Et puis, en grandissant, on gagne en lucidité. Même si l’on peut continuer à aspirer à la grandeur, on prend conscience de ses propres limites mais aussi de celles des modèles que l’on avait jusque là. L’âge adulte est en cela une désillusion, qui souvent signe la fin de l’idolâtrie.
Pourtant, quel que soit notre âge, découvrir et rencontrer des gens inspirants nous est bénéfique. Il stimulent notre créativité, notre envie nous améliorer, de devenir meilleur.
Personnellement, j’ai un tempérament passionné : je m’enthousiasme facilement pour des sujets, des choses qui me plaisent. Ainsi, à 30 ans (ou presque), je suis encore « fan » de groupes de rock, de films, de séries TV… Pour autant, cet enthousiasme est plus modéré quand il est question d’individus.
Des personnes qui m’inspirent dans la vie et à qui je voue une réelle admiration… il y en a très peu. Je pense pouvoir les compter sur les doigts de la main. Peut-être même les doigts d’une main de Schtroumpf.
Et l’autre jour, j’ai eu la chance de rencontrer l’une d’entre elles.
Ma rencontre avec Amélie Nothomb
J’ai noté le rendez-vous dès que j’ai vu l’annonce, postée en grand devant ma librairie habituelle. Amélie Nothomb dédicacera son dernier livre, Pétronille, le 14 janvier. Nous étions mi-décembre, j’ai mis un rappel dans mon smartphone, pour être sûre de ne pas oublier.
Je n’ai pas oublié. Au contraire, j’y ai pensé tous les jours. Le rappel tournait en boucle dans mon cerveau. Que vais-je lui dire ? Comment les choses vont-elles se dérouler ?
Le matin du jour J, je me suis levée de bonne heure. J’avais préparé mes vêtements la veille, les choisissant avec soin. La dernière fois que j’ai fait ça, je crois que c’était pour aller à un mariage. J’ai choisi quelque chose de simple, mais qui me met en valeur. Et puis je me suis maquillée. Un tout petit peu.
Bref, vous l’avez compris : je me suis faite jolie.
Je me suis rendue sur le lieu de notre RDV avec une demi-heure d’avance. J’ai rejoint la foule des prétendants de Mlle Nothomb, alignés sagement devant la librairie. Et puis j’ai attendu. J’ai écouté ce que disaient les gens autour de moi, leurs conversations mêlant espoirs et anecdotes. J’ai repensé à cette fan de U2 que j’avais rencontrée un jour, qui classifiait les fans du groupe en plusieurs catégories, avec un mépris non dissimulé : les « baby fans », les « fans », « les hardcore fans… » et je les ai tous retrouvés ici, depuis la blasée qui vient à chaque séance de dédicace de la romancière, qui l’a déjà rencontrée 6 fois en privé… jusqu’à la personne qui attend une dédicace pour pouvoir l’offrir à sa mère (eBay de son p’tit nom ?).
La file a avancé. Je me suis retrouvée devant Elle.
Stupeur et tremblements
Une longue robe noire, un grand chapeau… la romancière est telle qu’on la voit en couverture de ses livres. De grandes bottes noires, des lèvres écarlates… On pourrait la croire sortie des recoins les plus sombres de l’imaginaire de Tim Burton, si ce n’était pour ses yeux… des yeux pétillants, un regard perçant. Je perds mes moyens.
Je tremble, je bredouille. Exit le beau discours répété mentalement, le flegme maîtrisé, la petite touche d’humour qui la fera sourire et marquera son esprit… Je me retrouve à balancer pêle-mêle des brides de phrases, le corps secoué de spasmes. Je lui explique qu’elle est la première (l’unique, en fait) à m’avoir donné le goût de la lecture. Combien j’admire son écriture, combien je la trouve stimulante… Le tout exprimé en onomatopées entrecoupées de syllabes en Morse et ponctué de grimaces nerveuses.
Je ne sais pas si Amélie Nothomb est très grande. Je sais juste que je me suis sentie toute petite.
L’émotion (la honte) m’a même provoqué une expérience extracorporelle : je me suis revue l’espace d’un instant 16 ans plus tôt, devant le lycée Marmontel, bredouillant une déclaration d’amour inattendue à un Frédéric L. aux yeux écarquillés. Un « Je t’aime » lâché brutalement, comme un pansement qu’on arrache… et qui n’a pas trouvé écho dans la bouche de l’intéressé.
Contrairement à Frédéric, Amélie Nothomb s’est montrée d’une immense gentillesse. En même temps, c’est un peu normal d’être gentille avec une personne en situation de handicap (comme c’était manifestement mon cas).
Enfin, j’ai évité le ridicule : j’ai réussi à ne pas pleurer. (Ou presque).
Avoir 30 ans, selon Amélie Nothomb
Pour conclure notre petite entrevue, j’ai souhaité lui parler de ce blog, lui en expliquer le concept. Bizarrement, c’était comme une forme de remerciement de ma part : dans ma tête ça donnait « merci de partager ce que tu sais faire de beau avec moi, voilà ce que moi j’ai envie de partager avec toi ». Dans la réalité, cela s’est manifesté par une courte présentation et une petite question. J’avais envie de la faire participer, de vous l’amener ici !
Voici donc ma mini-interview exclusive spécial 30 ans (ou presque) 😉
Moi : Quel souvenir gardez-vous de vos 30 ans, en quoi cet âge vous a-t-il marqué ?
Amélie Nothomb : Mes 30 ans ? Oh la la… (Regard rêveur). C’était il y a bien longtemps. J’ai 47 ans aujourd’hui, vous savez… (Pause) Pourtant je me souviens bien de mes 30 ans. À l’époque, quand je les ai eus, je me suis sentie si vieille… Alors qu’aujourd’hui, rétrospectivement, je me dis que 30 ans, c’est vraiment un âge parfait : on est encore jeune et en même temps, on a l’expérience nécessaire pour accomplir plein de choses. Non, vraiment, 30 ans, c’est le plus bel âge !
Merci infiniment à Amélie Nothomb pour sa gentillesse (et pour l’ensemble de son œuvre, comme ils disent aux Césars !) et surtout merci… de m’avoir donné envie d’écrire !
Et vous, quelle question poseriez-vous à votre idôle ?
Je l’ai rencontrée il y a plusieurs années au Salon du Livre de Paris, j’étais la dernière de sa séance de dédicaces du jour. C’est l’une des rencontres qui m’ont marquée parce qu’elle a beaucoup de charisme… et pourtant, Dieu sait si j’ai rencontré des pointures avec mon métier (dans le show-business ^^).
Un ami à moi était fanatique du Japon et lui avait écrit une longue lettre, elle lui avait laissé un message sur son répondeur téléphonique pour le remercier, etc. Je trouve que c’est une grande preuve de respect vis à vis de son public.
J’ai pu rencontrer l’artiste de toute mon enfance/adolescence (Michael Jackson) plusieurs fois, des souvenirs top à chaque fois… J’en garde pas mal d’autographes, dont un chapeau à lui porté et signé, THE symbole ^^ Et j’ai pu lui dire absolument tout ce que j’avais envie de lui dire, ça n’a pas de prix.
Merci pour ton commentaire. Avec ces quelques lignes, tu as réussi à me faire rêver un peu… En plus tu sais quoi, j’aime beaucoup ton blog, je lis régulièrement tes articles 🙂
Moi aussi j’avais entendu des anecdotes racontant combien Amélie Nothomb était respectueuse de ses fans. Et elle ne m’a pas déçue au final ! Si je me suis permise de lui parler un peu, plutôt que de juste faire bonjour-signature-bye c’est aussi parce que j’ai vu comment elle se comportait avec les autres avant moi : elle prenait le temps, avec ceux qui le souhaitaient en tous cas.
Ah génial ! Avec Gaïa on était allée à une dédicace il y a longtemps, pour la sortir du film « Stupeur et tremblement » justement. Perso j’avais pas dit un mot, trop timide.
Quand Gaïa lui a donné son nom (Françoise) Amélie Nothomb s’est extasié d’un « oh mon dieu, j’adore ce prénom ! » ce qui nous a fait rire parce que c’est assez old school 😉
Ce que j’adore c’est qu’elle parle comme elle écrit. Elle ne se donne pas un genre, elle est vraiment comme ça.
Merci pour ce billet, et merci à elle d’avoir eu cette jolie attention envers ton blog 😀
Oui effectivement, même si le « personnage » correspondait visuellement à ce que l’on attend d’elle, j’ai ressenti chez elle une grande sincérité.
Et son côté old school ne me surprend pas 😉
J’ai pas de dédicace d’Amélie Nothomb mais j’ai un autographe de bénabar à l’époque où il chantait dans les gymnases des petites villes. On était allées le voir à la fin du spectacle (avec les copines). On s’était retrouvées à rire nerveusement lorsqu’il parlait. C’est étrange de s’approcher d’un « personnage », de se rendre compte qu’il est réel. La magie reste après.
Bénabar chantait dans les gymnases ? Effectivement, c’est collector comme histoire !
Je rêverais d’avoir une anecdote similaire à raconter… mais je ne suis pas une dénicheuse de talents, j’attends que ce soient des star confirmées pour m’y intéresser, lol
Je vais envoyer le lien de ton article à ma meilleure amie. Tout comme toi elle est fan d’Amélie Nothomb =)
Alors peut-être qu’elle était là aussi ce jour-là ?
Moi j’ai Hugues Aufray, à l’époque de mes petites années en compagnie de ma maman. Ca compte 🙂
Bien sûr que ça compte. C’est un peu la honte, mais ça compte ! (mais non… je rigole 😉 )