C’est le grand jeu des adultes de demander aux enfants ce qu’ils veulent faire plus tard. C’est la question qui revient systématiquement, qui anime les réunions de famille. La question toute trouvée pour qui veut feindre un intérêt pour la progéniture d’autrui…
Pourtant, dès mon plus jeune âge, cette question m’a mise dans l’embarras. Je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais faire « plus tard ». Face à mon manque d’ambition aussi flagrant que précoce, les adultes ont toujours semblé déçus. J’ai donc décidé très tôt de changer de stratégie et de leur en donner pour leur argent. Là où les autres fillettes répondaient qu’elles voulaient être princesses ou coiffeuse, je faisais dans la provocation en répondant que plus tard, je serais pompier. Si la réponse ne paraissait pas suffisamment décalée, j’achevais de clouer le bec de l’adulte trop curieux en concluant « …ou bien balayeur ». En général, ça ne plaisait pas.
Ainsi, j’achetai la paix en créant un malaise.
Mais au fond de moi, j’étais toujours aussi perdue. Le temps passa, la pression du futur professionnel se fit plus pressante. Car évidemment, à 9 ans, tu dois déjà savoir quelle sera ta future carrière.
Quand je serai grande, je serai dessinatrice
Un jour, en CM1, la maîtresse, qui représentait alors pour moi la plus haute autorité en matière de savoirs sur le monde, a dit que je dessinais bien. Il n’en fallu pas plus pour me convaincre qu’un jour, je serais dessinatrice.
Ma voie était toute tracée.
Plus tard, je serai artiste.
Une artiste oui, mais pas n’importe quelle artiste. Je serai genre une vraie artiste, une dont les œuvres sont dans des expos, une qui passe à la télé, tu vois.
Il faut dire que j’adorais dessiner. De l’école primaire jusqu’au lycée, j’ai passé le plus clair de mon temps sur mon bureau, un crayon à la main. J’ai dessiné des portraits, des animaux, j’ai recopié des dessins, des photos… J’ai même essayé de peindre un peu. L’option « arts plastiques » au lycée m’a permis de m’éclater… mais au final c’est là que j’ai découvert la dure réalité : ce n’est pas parce qu’on sait passablement dessiner que l’on a un avenir dans ce métier. Il me manquait ce petit truc spécial qui m’aurait permis de faire la différence et de me réaliser en tant qu’artiste.
Autre problème : le dessin, c’est fastidieux. Et il se trouve que je suis une fille très occupée, voyez-vous, j’ai peu de temps pour ces bêtises moi, voyez-vous (là je pourrais me la péter working girl super busy mais comme vous le remarquez, j’ai l’élégance de ne pas le faire) (ou je pourrais jouer la carte de la jeune maman débordée mais là ce serait limite vulgaire…). Bref : avec l’âge, je suis devenue de plus en plus paresseuse et j’ai cessé les gribouillis.
Quand je serai grande, je serai photographe
Heureusement pour les paresseuses femmes d’action comme moi, il y a la photographie. La photo, c’est facile, il n’y a qu’à appuyer sur un bouton et paf, c’est fini ! Pour peu que vous ayez envie de vous la jouer artiste, il vous suffit de passer au noir et blanc et là c’est du tout cuit. Si en plus vous bidouillez 2-3 réglages et ajoutez un filtre, là c’est carrément l’extase. Et oui, depuis l’arrivée d’Instagram, n’importe quel imbécile équipé d’un smartphone est devenu photographe semi-professionnel.
Même si à 30 ans (ou presque) je n’envisage pas une carrière dans la photographie, c’est un loisir qui me plaît énormément. Avec mon appareil photo, je m’éclate. Pour pas cher en plus – vive le numérique – !
Artiste un jour, artiste toujours
Et pourtant, malgré tout l’aide que nous offre la technologie, être photographe, ça ne s’improvise pas. N’est pas Cartier-Bresson qui veut. La photo est un art accessible mais si l’on ne veut pas se contenter de clichés vaguement jolis, c’est comme tout, ça demande du temps et des efforts !
J’ai toujours mon « âme » d’artiste. Et même si je ne suis pas douée, j’essaie toujours de m’améliorer. Alors parfois, je bidouille. J’essaie de m’appliquer. J’ai un appareil photo hybride, un Sony Nex5n, avec un objectif classique et un macro. Et quand j’ai un petit moment pour ça, je m’amuse à prendre quelques clichés.
Mon sujet de prédilection ? C’est le plus bel être vivant au monde, j’ai nommé : mon chat.
Euh, attendez, j’étais sensée dire « mon bébé », là, c’est ça ? Oui, bien sûr, j’aime aussi le photographier (d’autant que c’est le plus beau bébé du monde). Mais je vous l’ai déjà dit, je suis une crazy cat lady : je suis dingue de mon chat. Il était mon modèle bien avant la naissance du rejeton !
Bon, ce n’est pas encore tout à fait ça, mais je continue mon apprentissage de la photographie avec beaucoup de plaisir. Allez, si vous insistez, un de ces quatre, je vous ferai peut-être un dessin…
Et vous, votre vocation s’est-elle concrétisée ?
Hello 🙂 C’est fou ça, j’ai écrit un article aujourd’hui sur le fait de devenir adulte et ton article (outre le fait d’être excellent ^^) complète parfaitement ma pensée !! Merci… Je crois que plus jeune, je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais faire ! J’ai suivi une voie pour faire ce que les « adultes » attendaient de moi mais sans vraiment m’y éclater. A presque 30 ans je commence peu à peu à comprendre qu’il est temps de faire des choix POUR MOI et non pour la société ! Merci pour cet article et à bientôt ^^
Effectivement ton billet aborde les différents thèmes au coeur de ce blog… Qui pourrait très bien être sous titré « récits d’une adulte attardée »…
Mon rêve, c’était de devenir reporter photographe. Après 4 années d’études dans la photo et 3 ans dans le milieu à développer les photos des autres, j’ai fini par en être dégouté! J’ai fait une reconversion dans le milieu des archives et j’adore ce que je fais. Avec l’arrivé de mes 30 ans, j’ai renoué avec ma première passion la photographie. Et je ferais en sorte que cela reste un plaisir et non une obligation!
C’est chouette si tu as trouvé ta voie professionnelle et qu’en même temps tu as un loisir dans lequel tu excelles… En plus ça veut dire que tu peux faire de belles photos sans avoir la pression de devoir les vendre.
Qu’est-ce que je me marre quand je lis ces articles ! J’adore! Petite, je voulais devenir agent du fbi… Et oui, fan de X-Files. Hélas, non je n’ai pas pu réaliser ce « rêve ». Bon c’est peut-être mieux comme ça, plus un fantasme qu’une vocation.
p.s: adorable ton chat!
Merci Scully pour ce commentaire. J’espère ne pas être mise sur écoute à cause de mon blog (hautement subversif)
et quel rêve dis donc… la photo c’est magique, magnifique, c’est bien que ça soit une passion et non une contrainte 🙂
C’est vrai, tu as raison… ça me permet d’expérimenter sans avoir la pression du résultat.
Il a de beaux yeux ton chat 🙂 J’ai eu cette conversation un jour avec un photographe sur la « concurrence » croissante des amateurs en matière de photo… et on a beau dire, quand on regarde des clichés de pros, il y a quand même une qualité d’image et un « oeil » qui coupe le souffle… On apprend beaucoup en les regardant d’ailleurs.
Quand j’étais petite, je voulais être espion. ^^
Attention Miss Totally Spies, on a une ex-future agent du FBI qui a également commenté sur cet article…
Rien à craindre Claire, je suis curieuse, mais avec de bonnes intentions. Une consœur ! Comme quoi je ne suis pas la seule. La vérité, c’est que je ne savais pas non plus ce que je voulais faire plus tard… C’est pour ça que ton article m’a bien parlé et aussi le ton subversif bien sûr.
La vérité… qui est ailleurs.
J’ai eu beaucoup de chance, j’ai toujours su ce que je voulais faire plus tard. Ça changeait de temps en temps, mais j’avais toujours une idée précise, ce qui me permettait de ne pas être trop angoissée par mon futur et de répondre à la sacro-sainte question des adultes.
C’est vrai que l’art attire. C’est tellement aléatoire dans le succès mais finalement, c’est ce qui génère le plus de passions. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer.
Ton chat est vraiment magnifique, je n’avais jamais vu ça ! <3
Tu as de la chance d’avoir toujours su. Pour moi, même aujourd’hui c’est encore flou… Il faut dire qu’il y a tant de choses que j’aimerais faire !
Quand j’avais un teckel, je trouvais formidable ses tout petits tourbillons de poils, la douceur de son poil au-dessus des coussinets. Maintenant que j’ai une chatte, je trouve tout très délicat: la truffe, les rayures autour de ses yeux, ses différentes couleurs. Je passe un temps fou à l’admirer! Quand j’étais ado, je voulais être styliste et comme au salon des métiers on m’a dit qu’il fallait beaucoup travailler pour finalement crever de faim, j’ai changé d’avis. J’ai gardé le goût des habits. Je n’achète que ce pour quoi j’ai un coup de foudre et je l’use jusqu’à la trame:) j’aime beaucoup tes photos, on ressent la sérénité de ton chat.
Heureusement que tout le monde n’est pas comme nous et que certains ont continué à croire en leurs rêves pour finalement les atteindre !
Alors moi c’est l’inverse : j’ai toujours su ce que je voulais faire, mais je ne l’ai pas fait. C’est idiot, n’est-ce pas ? Sinon ton chat est magnifique, c’est un animal parfait extrêmement photogénique 😉
Et que comptais-tu faire alors ?
je souhaitais être journaliste, mais n’ai rien fait pour concrétiser cela 😉
Moi aussi cela a été mon objectif à un moment donné… un objectif que je considère atteint (ou presque) avec mon blog. Toi aussi tu peux te dire la même chose, non 😉 ?
peut-être ^^