Il y a longtemps que je n’ai pas publié d’article. La raison à cela est qu’il y a quelques semaines, j’ai perdu membre de ma famille. Une personne proche, un être cher.
J’ai beau avoir 30 ans, je n’étais pas préparée à affronter cet évènement.
Quand j’ai ouvert ce blog, je m’étais fixé comme objectif de traiter de parler du fait d’avoir 30 ans, dans tous ses aspects. Je voulais essayer de cerner ce que cela signifie aujourd’hui d’être une fille (femme ?) de 30 ans, ce que sont les préoccupations trentenaires, leurs envies, leurs angoisses (voir article ici).
Et même si je prends comme point de départ mon expérience personnelle, le but n’était pas ici de raconter ma vie par le détail (ce qui, il faut bien l’avouer, n’intéresserait pas grand monde !).
Je voulais évoquer des sujets superficiels mais aussi parfois sérieux. La seule contrainte que je m’étais fixée était de traiter tous les sujets avec une certaine légèreté, voire même si possible avec humour. Il faut dire qu’au moment de l’ouverture de ce blog, je pensais que le sujet le plus sérieux et angoissant que j’aurais à y traiter un jour serait probablement celui de l’apparition des premières rides ou du 1er cheveu blanc.
Et bien j’avais tort. Et il se trouve que lorsque l’on est envahi par la douleur, il est très difficile de prendre du recul et de s’en amuser.
J’ai longtemps cogité, tourné et retourné mon sujet dans ma tête et finalement j’ai choisi d’en parler ici malgré tout. Ne pas le mentionner serait comme un mensonge. Un mensonge par omission. Car le fait est que plus on vieillit, plus on a de chances d’entre confronté à des décès autour de nous. Alors oui, avoir 30 ans, cela signifie aussi apprendre à accepter la mort.
Pour autant, de la même manière que l’on est toujours trop jeune pour mourir, on est toujours trop jeune pour être confronté à la mort.
Face à la mort, je suis une adulte responsable
Lorsque la mort se profile, je prends soin des vivants pour éviter de penser à l’Être cher. De manière mécanique, je prends en charge une partie de la logistique qui leur permettra de ne pas avoir à se soucier du quotidien. Je suis un roc sur lequel ma famille s’appuie. J’aperçois des larmes dans les yeux de ceux que je n’ai jamais vu pleurer avant, de ceux que je ne devrais jamais voir pleurer. Je serre les dents et fais bonne figure. Je suis un roc.
Les relations entre adultes sont compliquées, de vieilles histoires de famille ressurgissent et me font vieillir d’un coup. Tout n’est pas aussi rose que j’ai bien voulu le croire enfant.
Je redécouvre des mots tels que « veuve » ou encore « dignité ». Jusque-là vides de sens, ils deviennent brutalement concrets. La mort n’est plus un concept, elle est une réalité palpable.
Jusque là ce n’était qu’une vague idée, voire même un concept marketing cool qui permettait de s’afficher avec des pendentifs en forme de crâne ou bien de se déguiser en squelette pour Halloween. La mort, c’était un truc sexy d’ado gothique qui écoute Marilyn Manson en rêvant de se faire croquer par Robert Pattinson.
Mais non, la mort, en fait ce n’est pas ça. Alors que je pénètre dans la chambre d’hôpital de l’Être cher, je sens sa présence étouffante qui emplit la pièce, rôdant autour du corps encore chaud de celui qu’elle fauchera bientôt.
Face à la mort, je suis une ado rebelle
Un sentiment d’injustice m’envahit. Je suis en colère.
Je refuse de grandir. J’évite soigneusement de poser les yeux sur le vêtement préparé pour habiller l’être cher dans son dernier voyage. Je refuse de penser à la réalité concrète de son départ.
Mon esprit s’égare et s’attarde sur des détails insignifiants. Le prêtre faisant des fautes de français dans son discours, le corbillard beaucoup moins pop que celui de la série 6 Feet under, le geste mécanique des inconnus endimanchés alors qu’ils agitent le hochet humide du petit Jésus au dessus du cercueil de l’Être aimé.
Je me révolte, je me rebelle. Cette boîte en bois n’est pas l’Être cher. Ce n’est pas lui ; lui est parti. Je refuse de lui donner une giclette.
Alors que l’urne s’ouvre pour disperser ce qu’il reste du corps de l’Être cher, je ne peux m’empêcher de penser à la scène culte de The Big Lebowski. Je me déplace pour ne pas être dans le sens du vent. Cela me fait sourire intérieurement. Je culpabilise aussitôt de mon manque de sérieux. La mort, ce n’est pas drôle. La mort, c’est sentencieux.
Face à la mort, je suis une petite fille perdue
Je me demande ce qu’il y a après la mort, je me demande à quoi cela ça sert de vivre si c’est pour mourir un jour. Je ne comprends pas.
Je me demande si l’être aimé était vraiment heureux. Je pense à tous les moments joyeux passés en sa présence. Je me dis que rien ne sera plus jamais comme avant.
Je me sens seule, perdue.
Et vous, quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu/que vous souhaitez donner pour tourner la page ?
Quand je l’aurais reçu ce fameux conseil, je t’en ferai part, promis 😉
Ce sera toujours bon à prendre 🙂
Je te souhaite beaucoup de courage dans ce douloureux moment. Je pense que seul le temps t’aidera à accepter cette blessure 🙂
Je sais bien, j’essaie de me dire que même si c’est dur maintenant, un jour ce sera plus facile. Malheureusement le temps passe vite sur certaines choses et a tendance à s’attarder pour d’autres !
Il est très beau ton billet…
Pfff les conseils ou bonnes paroles j’en ai tellement entendu, mais c’est dur de les écouter quand on traverse ça. On apprend à vivre avec mais se remet-on vraiment de la perte d’un Être cher ?
Quoiqu’il en soit bon courage et prends soin de toi
« On apprend à vivre avec » : je pense que c’est là que tu as raison.
De toutes façons je sais bien que ça va pas « s’arranger » ou « passer », je sais que je dois juste faire avec (ou plutôt sans !).
C’est un billet très émouvant… Je n’ai pas de conseil à t’apporter… Parce que je ne suis pas sûre qu’il y ait de solution si ce n’est (comme le dit Prettylittletruth) de laisser le temps faire son travail… il le fait toujours très bien… Je te souhaite beaucoup de courage pour traverser cette période.
En demandant des « conseils » je t’avoue que je n’en attendais pas grand chose… mais je me suis dit « on ne sait jamais ! ». Et puis finalement tous vos petits mots gentils me font plaisir et ça c’est déjà une bonne chose ! 🙂
J’ai aussi 30 ans ou presque (31…) et j’ai perdu ma mère il y a deux ans. je me reconnais dans certains de tes mots. Moi aussi j’ai besoin de le raconter. J’évoque ma mère autant dans ma vie que dans mon blog. Pour qu’elle ne tombe jamais dans l’oubli.
Pour répondre à ta dernière phrase, on ne tourne jamais la page je crois. On apprend à vivre avec. On grandit aussi. Parce que l’on n’a pas le choix… La mort de quelqu’un que l’on aime c’est une énorme blessure. On peut la soigner. Il faut plus ou moins de temps pour que la plaie guérisse. Mais il n’y a pas de moyen d’effacer la cicatrice. Il faut juste apprendre à se construire avec. Il faut se libérer de la culpabilité d’être vivant, de n’avoir pas souffert. Il faut calmer la colère d’une disparition toujours injuste. Il faut avancer petit pas après petit pas. Tranquillement. Le deuil est une très très grande montagne à gravir. Au début on se dit que l’on n’aura jamais la force d’arriver au sommet. Mais il faut attaquer la montée. Et puis un jour, sans t’en rendre compte, la pente deviendra plus douce. Mais la chemin peut d’un coup redevenir raide et t’essouffler…. Puis redevenir abordable…
Pour conclure je vais te confier les mots que m’a écrit une amie d’enfance, ayant elle-même perdu son père quelques années auparavant:
« Même si aujourd’hui cela te semble impossible, tu verras qu’un jour tu te surprendras à sourire à nouveau… »
Courage à toi. Ce n’est pas facile de vivre ce genre d’épreuve si jeune. Mais avec un peu de sagesse on peut ressortir grandi de l’expérience de la mort… sachant que de toute façon on ne peut pas passer à côté, on peut néanmoins s’en enrichir.
Je te remercie beaucoup pour ton témoignage. Je l’ai lu hier et y ai beaucoup repensé depuis. J’aime beaucoup l’image de la montagne. Depuis que tu as écris ça, quand je repense au décès de ce membre de ma famille, je la visualise, cette montagne. J’ai alors effectivement l’impression de la gravir, lentement. Et puis a un moment hier j’ai trébuché et je me suis sentie retomber d’un coup beaucoup plus bas. Puis ce soir je suis un peu remontée. Aussi parce que je ne suis pas seule dans cette ascension. C’est une belle image. Merci <3
Je suis très heureuse si mon expérience peut t’aider. Bonne route et à bientôt peut-être!
Merci Marie pour ce commentaire bien utile je trouve !
Je pense que seul le temps peut nous aider vraiment, même si en attendant on peut se raccrocher aux détails du vivant. J’ai une copine qui vient de perdre son père et je ne sais que lui dire de plus. Courage <3
C’est normal de ne pas forcément trouver les mots, l’essentiel c’est que tu sois là pour ton amie ! (Et pour lui changer les idées aussi)
J’ai 32 ans et j’ai perdu mon papa il y a 5 ans.
C’était la première fois de ma vie que j’étais confrontée au décès d’un proche, qui de surcroît a été très brutal.
Je me suis moi aussi attachée à des détails : le fond de teint sur sa main pour cacher la marque de la perfusion… l’erreur du curé sur son prénom, je lui ai même gueulé dessus à la fin… La couleur de sa cravate… Et comble de l’horreur, j’ai eu un fou rire lorsqu’il a été temps de disperser les cendres, on avait prévu de faire ça en mer mais c’était marée basse et que de la vase… Enfin bref…
Je ne sais pas qui tu as perdu mais je sais une chose : ça va être très dur mais tu vas aller mieux et les gens autour de toi aussi. Tu vas découvrir des ressources en toi et découvrir sur qui tu peux compter, tu vas aussi voir les gens changer et peut-être que tu vas changer aussi.
Mais plus le temps va passer, plus la douleur va peu à peu s’atténuer… C’est long et ça ne disparaît pas mais ça va de mieux en mieux et puis un jour, on se rappelle de lui en souriant et plus en pleurant.
Bon courage…
Merci à toi ! C’est intéressant ce que tu écris sur l’entourage. Tu as raison, ce genre d’épreuve « révèle » les gens autour de toi. Pour l’instant j’ai de la chance car cette révélation c’est surtout pour le meilleur : mes proches m’ont bien entourée et certaines personnes sur qui je n’aurais jamais cru pouvoir compter m’ont apporté du soutien.
Vraiment bien écrit ton article . J’ai moi aussi perdu un être cher il y a 2 ans et tes mots m’ont vraiment touché .Je pense que le temps aide beaucoup même si ce n’est pas facile tous les jours .Il faut se raccrocher à ceux qui nous entoure et qui sont là pour nous . Courage 🙂
J’essaie de me faire une raison en me disant que le temps aidera. Mais pour l’instant la « raison » n’est pas vraiment de mise, c’est encore trop frais…
C’est « marrant » car je vis la même chose que toi. J’ai perdu subitement mon grand-père il y a une semaine et je me suis posée la même question.
Je vais avoir 30 ans dans moins d’un mois et j’avais la fausse impression que mes grands-parents allaient continuer de vieillir avec moi … Naïvement, je m’imaginais que mes grands-parents connaîtraient mes enfants et que la vie nous porterait ensemble. J’ai mal aujourd’hui de me dire que l’on ne vivra jamais cela. et je me sens affreusement perdue, j’ai l’impression que mon monde de petite fille s’est enfui et que ça y est, je suis devenue une adulte pour de bon.
Quand je disais que l’ « on est toujours trop jeune pour mourir », je parlais aussi de cela. Ce n’est pas parce qu’une personne est âgée que cela excuse ou justifie ça mort, ce n’est pas pour cela que l’on y est mieux préparé. Cela ne donne pas de sentiment d’apaisement supplémentaire, cela n’en est pas moins douloureux.
De plus, je ressens la même chose que toi pour ce qui est de toutes les choses que je ne pourrai jamais partager avec celui qui a disparu. Moi aussi j’ai pensé aux enfants que j’aurai peut-être un jour et qu’il ne connaîtra jamais. C’est d’autant plus idiot que, comme je l’avais écrit ici, je n’ai pas encore d’enfant et pas encore d’intention précise d’en avoir un jour. Mais cela n’empêche que j’aurais aimé que ces hypothétiques enfants le connaissent. Et que ça n’arrivera jamais.
Bon courage à toi…
Pour « tourner la page » ?
« Tourner la page » = Oublier, passer l’éponge, ne plus y penser, ne plus ressentir aucune souffrance vis à vis du décès…
On ne tourne jamais la page. Donc, on ne peut pas te donner des conseils pour essayer de faire quelque chose que tu ne pourras jamais faire.
Comment pourrions-nous, un jour, ne plus du tout avoir envie de revoir un être cher disparu ?
Comment un être cher disparu pourrait-il ne plus nous manquer ?…
C’est impossible. Quand on perd un être cher, il nous manque jusqu’à la fin de nos jours. Le vide, l’absence est là, jusqu’à ce qu’on meurt à notre tour.
Signée : Une jeune fille de 19 ans, ayant déjà perdu plusieurs êtres chers (et oui, ça n’arrive pas qu’aux adultes…)
Le décès que j’évoque a eu lieu il y a plus d’un an aujourd’hui. C’est curieux que je trouve ton message maintenant alors qu’il y a quelques minutes seulement j’ai justement retrouvé une copie du certificat de décès en faisant du rangement dans des affaires qui n’avaient rien à voir. Et effectivement même si un peu de temps a passé, cela m’a fait beaucoup de peine de repenser à cette perte.
Désolée, je réponds tard car je viens de découvrir votre blog et j’en parcours les articles peu à peu.
Et bien j’ai 30 ans depuis peu et j’ai perdu beaucoup de proches étant plus jeune, notamment mon père, quand j’avais 15 ans. Le meilleur conseil que l’on m’ai donné à ce moment la « sois forte, il faut que tu aide ta mère et que tu sois adulte pour ta petite sœur ». J’ai tenté de l’appliquer au mieux. Au lieu d’être réellement forte j’ai pris l’apparence de quelqu’un de fort, de solide. Ça m’a permis de me forger une carapace contre la plupart des gens malveillants que l’on croise dans ces moments douloureux et qui en rajoutent alors qu’on est déjà assez accablé. Pour ma part j’ai envie de vous dire « soyez forte et surtout éloignez vous des gens mauvais ». Après, il faut être patient et laisser le temps passer. Quelque soit l’âge que l’on a quand on perd un être cher, on est toujours démuni et c’est bien normal. Courage.
Depuis l’écriture de cet article le temps a passé, le quotidien a repris le dessus… Pourtant je pense encore à l’être perdu, en particulier en lien avec mon fils, qui est né après le décès. Je pense à combien il l’aurait aimé, combien il aurait aimé me savoir mère…
J’ai perdu mon grand père à l’âge de 22 ans, d’un cancer. J’adorai mon grand père.
J’ai eu super dur. Pourtant la mort j’y avait déjà été confrontée à 8 ans avec la mort naturelle de mon arrière-grand mère. Mais c’était pas pareil.
Et en plus j’ai entendu de véritables horreurs, dont on m’a accusée à tord sur la colère et j’ai pas encore fini de faire le deuil. Je me suis rendue compte que c’était les mots maladroits d’un homme qui ne savait pas faire face et que, si mon grand père pouvait coller des baffes à distance, le maladroit en question en aurait reçu quelques unes.
J’ai actuellement une mère en mauvaise santé et 3 grands parents entre 75 et 84 ans. Ils ne sont pas éternels. Au final j’espère être suffisamment armée et carapacée si je dois encore entendre des horreurs.
Ce qui compte, ce ne sont pas les âneries des vivants mais les souvenirs heureux que tu auras bâtis avec ces personnes avant leur décès. Donc profite d’elles tant qu’elles sont encore là, le reste n’a pas d’importance…
Décidément, je ne m’attendais pas à ce que ton blog me fasse pleurer 🙂 le premier sur les cadeaux des amis, le deuxième sur la mort.
Lorsque ma Meilleure Amie est décédée il y a 4 mois, je n’ai pas écouté les conseils de mon entourage, car je trouvais ça vide de sens et que « le temps arrange tout » était stupide pour moi.
Comment chaque instant que je vis et qui m’éloigne de plus en plus de la vie de ma Meilleure Amie, pourrait être meilleur ?
Au contraire elle me manque davantage.
Mais je commence à comprendre : plus le temps passe, plus on apprend à ravaler sa rage, à penser à quelque chose de superficiel quand l’idée de la mort nous étouffe, à sourire à la vue d’une photo, à s’occuper pour éviter de penser, à s’absenter quand on nous parle de cancer … et puis petit à petit notre vie se construit …
Mais ça me fera mal quand j’aurais à annoncer à mon entourage que je serai enceinte, car la prétendue marraine de ce futur enfant ne sera plus de ce monde, et je ne pourrai pas voir son sourire. Mais ça m’emplira le cœur de joie, de rencontrer mon enfant.
Je pense que c’est comme ça que ça marche ?
J’imagine que ta blessure n’est pas guérie, mais j’espère que ta vie s’emplit de joie par la présence de ton enfant et de ceux qui restent 🙂 Je suis désolée pour ce commentaire qui remue peut-être le couteau dans la plaie ? Je n’espère pas ça.
À force de faire semblant de sourire, on finit par sourire pour de vrai, n’est-ce pas ?
Merci pour cet article, et merci aux lecteurs pour vos commentaires qui sont très constructifs également.
Emily, (la lectrice aux com’ à rallonge)
Coucou Emily, miss commentaires à rallonge (j’aime bien ça moi les commentaires à rallonge, c’est intéressant à lire et ça permet d’avoir des échanges constructifs).
Moi non plus je n’ai pas l’habitude d’entendre que mon blog fait pleurer, en général, c’est plutôt l’inverse. Je me souviens qu’à l’époque, j’avais hésité à publier cet article pour cette raison mais que je m’étais dit « fuck it, à quoi bon avoir un blog si je ne peux même pas y exprimer mon état d’esprit du moment ? ». J’avais besoin d’en parler. De laisser éclater ma peine. Et puis les faits étaient là : à 30 ans, je venais pour la 1ère fois d’être confrontée à la mort d’un être cher. Je pense que ça rentre complètement dans la ligne éditoriale du blog (malheureusement plus on vieillit et plus on est confronté à ça…).
C’était il y a 4 ans.
C’est vrai ce qu’on dit sur le temps. Il n’apaise pas les blessures, mais on apprend à faire la paix avec. À passer à autre chose. À émerger des idées noires et à trouver un intérêt à ce qui reste : la vie. Pour toi aussi, ça viendra. Il le faut.
Certaines choses, lieux, personnes, phrases, situations continuent de me rappeler cet être cher. Cela me serre le cœur. Et en même temps, d’une manière bizarre, cela me réchauffe le cœur. Je me dis que j’ai eu de la chance de le connaître et d’avoir tous ces bons souvenirs.
Finalement, la seule chose qui me fait mal aujourd’hui c’est de penser qu’il n’aura jamais connu mon fils. Il aurait été si fier…
Courage à toi !
Ce n’est pas plus mal que ton blog fasse pleurer c’est qu’au moins tu écris des articles touchants ! Après la lecture d’autres articles dans la soirée j’ai également eu le sourire (vocabulaire ado etc)
Merci pour ta réponse, je te crois et m’accroche à cette idée qu’un jour je passerai à autre chose, sans bien sûr m’oublier 🙂
Courage à toi également et profitons de notre vie 🙂
Je viens de retomber sur ce blog sur lequel j’avais déjà posté, j’y avais posté avant qu’il ne m’arrive encore une innommable tragédie…
En effet, un an après avoir déjà perdu ma mamie dont j’étais très proche, j’ai perdu un de mes cousins, un cousin qui était comme un frère pour moi. Mon frère de cœur. Je partageais tout avec lui (cinéma, restaurants, piscine, parcs d’attractions, fêtes foraines, musées et j’en passe !!)
Nous restions des heures au téléphone. Je n’ai pas beaucoup d’amis et lui, c’était comme un meilleur pote, c’est avec lui que je partageais le plus de choses. Et comme j’allais déjà très mal suite au décès de ma grand-mère ainsi qu’à cause d’autres raisons (chagrins d’amour très mal vécus (dépendance affective consécutive à du harcèlement scolaire), cyber-harcèlement, abus psychiatriques…), il m’aidait énormément dans mon mal-être. Il arrivait à me faire rire même quand j’étais au bord du suicide.
En décembre 2014, il a attrapé une maladie mortelle du jour au lendemain : une pancréatite aigüe nécrosante. Il est resté 19 jours à l’hôpital et il est mort, le Samedi 27 décembre 2014 aux alentours de midi. Il n’avait que 42 ans. Il laisse une famille anéantie derrière lui, dont ses parents et notamment sa mère chez qui il vivait toujours et qui est complètement détruire depuis la tragédie : elle ne vivait que pour lui. Elle passe dorénavant sa vie à regarder ses photos.
Un mois avant l’horreur, j’étais allée au cinéma avec lui, on s’éclatait, il allait super bien, rien n’aurait pu laisser présager un tel malheur. Je suis complètement détruite de l’intérieur.
Je n’ai que 21 ans et j’ai déjà perdu deux personnes très proches, j’ai peur de les perdre toutes (il faut dire qu’il ne m’en reste plus beaucoup maintenant). Et je sais qu’on peut mourir n’importe quand, comme ça, à n’importe quel âge. Un de vos proches est en bonne santé, il rit, il parle, tout va bien ? Peut-être que demain il attrapera une maladie mortelle et que dans deux semaines il sera mort. C’est ce qui est arrivé à mon cousin. La vie est extrêmement cruelle.
Je n’ai que 21 ans et je haïrai pour le restant de ma vie Noël et le jour de l’an qui seront pour moi à jamais synonymes de cette tragédie. Noël est censé être une fête de l’espoir, elle représente à présent pour moi le désespoir. Je n’ai jamais vraiment aimé cette fête, mais depuis ce drame, je l’aime encore moins. J’avais 20 ans, soi-disant le plus bel âge de la vie, l’âge où les jeunes font la fête, éclatent de rire au jour de l’an vous savez. Ben moi, je hurlais de douleur et c’est actuellement le PIRE âge de toute ma vie, l’âge où j’ai vécu une horreur sans nom.
Et après tous ces malheurs, on a même pas de soutien de l’entourage. Suivie à la Maison de Solenn, centre créé en hommage à l’une des filles de Patrick Poivre d’Arvor qui s’est suicidée afin de venir en aide aux jeunes en détresse, lorsque j’ai annoncé ce malheur à une infirmière, elle m’avait répondu en souriant : « Faut faire son deuil ! Faire le deuil de l’autre ! Tu vas faire quoi cet après-midi, les soldes ? » d’un ton extrêmement naturel, comme si il n’y avait strictement rien de dramatique et que je lui avais juste dit que j’avais perdu mon sac à main (et encore, parfois, je me demande même si elle n’aurait pas eu plus de compassion pour un sac à main !!)
Mon cousin était mort à peine 10 jours plus tôt. Elle m’a dit ça en janvier 2015. Nous sommes en Avril 2016 et je suis toujours extrêmement choquée par cette réponse autant absurde que cruelle. Je pense qu’elle devrait être radiée de ce centre, elle qui banalise l’une des choses les plus dures que puisse vivre une personne, qui ne m’a même pas présenté ses condoléances, elle n’a rien à faire dans ce genre d’endroits.
Une autre personne à qui je tiens, m’avait quant à elle répondu : « C’est des choses qui arrivent, la vie continue ! ». Idem, comme si la mort de mon cousin n’était pas importante, comme si je devais en avoir rien à foutre. Je trouve ça extrêmement blessant, même pour lui : c’est le réduire à rien, le considérer comme un vulgaire objet, qu’il soit mort ou vivant ce n’est pas grave, ça arrive. Vous vous rendez compte de cette monstruosité ? Mon cousin était exceptionnel, d’ailleurs il l’est toujours même mort, et je ne supporte pas qu’on le réduise à rien.
Je suis non seulement anéantie par sa mort, mais également par l’indifférence et la cruauté des gens et de cette horrible société.
J’espère que toi, tu vas un peu mieux depuis le temps et que tu es entourée de gens compréhensifs et compatissants…
Ton histoire est très triste effectivement. Surtout, c’est déjà difficile de se remettre de la mort d’un proche mais ça l’est encore plus quand on est mal entouré. J’ai eu la chance d’avoir ma famille autour de moi et ça m’a probablement aidée…
Le manque de tact des personnes qui ont « banalisé » la mort de ton cousin est flagrant, mais pour autant, cela ne sert à rien de leur en vouloir. Je pense que la plupart des gens sont gênés par le malheur des autres, au sens qu’ils ne savent pas comment réagir et que cela les incommode de voir quelqu’un qui va mal. D’où la tentative de banalisation de ce décès, voire du changement de sujet « tu vas faire les soldes ? ». Au mieux c’est de la gêne, au pire de la bêtise. Laisse couler (même si je suis bien d’accord que quand on travaille dans un centre qui aide les jeunes en détresse, ce genre de réaction est assez choquante).
Sinon, pour faire ton deuil, je n’ai pas de conseil particulier puisque chacun est différent. Mais même si tu n’oublies pas les personnes qui t’ont quittée, cela ne doit pas t’empêcher de vivre ta vie, de te construire… car cela ne les ramènera pas.
(Plus facile à dire qu’à faire, je sais bien !)
Je tiens à préciser que la personne qui m’a dit « Faut faire son deuil ! Tu vas faire les soldes ? » en souriant est une infirmière qui travaille à la Maison de Solenn, un centre créé en hommage à Solenn, l’une des filles de Patrick Poivre d’Arvor qui a mis fin à ses jours en se jetant sous une rame de métro à l’âge de 19 ans. Elle avait laissé un message à son père : « Merci pour tout mais je n’aime pas la vie. Je veux être incinérée et gardée dans une petite boîte, mais pas jetée à la mer. »
Tous les jeunes suivis et hospitalisés dans ce centre souffrent de troubles très graves. Beaucoup sont en danger de mort et sous sonde gastrique car anorexiques (Solenn Poivre d’Arvor souffrait d’anorexie mentale).
Si elle ne sait pas comment réagir et si elle est gênée face à cette souffrance, elle devrait être radiée immédiatement de ce genre de centre et changer de boulot sur le champ !! Parce que je trouve ça honteux de travailler dans un tel centre et de minimiser à ce point la douleur. Quand elle m’a dit ça et que j’ai croisé le portrait de Solenn dans le hall, ben j’avais eu envie de faire comme elle tellement j’avais été blessée au plus profond de moi…
Je déteste l’expression « faire son deuil », c’est même l’expression que je hais le plus au monde, elle me donne envie de vomir, elle n’a aucun sens pour moi, je ne ferai jamais le deuil des gens que j’aime, ils me manqueront toute ma vie. Je n’ai pas de vie à construire, je n’aimais déjà pas la vie même avant leur décès. Bref, j’arrête de parler de moi, je postais juste pour dire que c’est une honte de banaliser de telles tragédies et encore plus quand on est une infirmière bossant dans un centre créé pour les jeunes en grave détresse…