Big girls don’t cry
Comme à chaque fois, j’ai d’abord l’impression que « ça va passer », que je vais pouvoir « me contrôler »… J’essaie de ralentir ma respiration, j’avale de longues lampées d’air. Mon cœur, lui, n’en fait qu’à sa tête. Il pompe à tout va, se resserre, comme s’il voulait s’auto-absorber. Je me rends vite à l’évidence : mon corps lutte contre mon esprit. Ma trachée se rétrécit, distillant l’oxygène à dose homéopathique. Je perds pied, je m’enfonce… La détresse me submerge, étreint ma gorge. Les mots commencent à faire des sauts dans ma trachée. Ils en sortent hachés, saccadés, méconnaissables. Alors que la première larme s’écrase lourdement sur mes notes, brouillant mon écriture, dans un sursaut d’incrédulité, je vis une expérience extra-corporelle : je deviens l’espace d’un instant spectatrice de la scène et, contemplant le ridicule de ma situation, me surprend à penser « non, ce n’est pas possible, ce n’est pas en train de m’arriver à moi« . Rapidement, le sentiment d’impuissance fait place à ses deux cousins la colère et la honte. Une honte si forte qu’elle embrase mes joues. Mon corps continue son mouvement de repli, comme …