La chirurgie esthétique n’est pas un sujet facile à évoquer. Beaucoup le considèrent même comme tabou et rechignent à en parler. Ceux qui sont pour ont peur de choquer, ceux qui sont contre ont peur de froisser.
Pourtant, sur ce blog, où j’aborde régulièrement des sujets comme le temps qui passe, le fait de grandir mais aussi de vieillir, la question de savoir s’il est envisageable d’avoir un jour recours à la chirurgie esthétique me semble pertinente.
Quand on atteint l’âge de 30 ans, on commence à scruter son visage pour y guetter l’apparition des premières rides et autres signes de vieillissement. Heureusement, tous n’apparaissent pas en masse le matin de notre 30ème anniversaire ! Non, au lieu de cela ils préfèrent s’installer sournoisement au fil des années…
La chirurgie esthétique : fausse bonne idée ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été contre la chirurgie esthétique.
J’ai toujours considéré que le fait de subir une opération (ou tout autre acte médical) sans justification médicale et dans l’unique but de modifier son apparence corporelle, était une sorte de vanité mal placée. Surtout lorsque la chirurgie esthétique a pour objectif de masquer son âge. J’ai du mal à comprendre pourquoi l’on voudrait travestir ainsi la réalité. Quel mal y a-t-il à avoir 30, 40, 50 ou 70 ans ? Les rides, les plis sur la peau, les paupières qui tombent… ne sont que le signe que l’on a vécu une vie pleine.
Je regarde ma grand-mère et contemple sa beauté, celle d’une femme de 85 ans rayonnante malgré ces marques du temps. Ou plutôt grâce à elles. Si vous voulez lui ressembler un jour, faites comme elle, cultivez votre jardin (au sens propre comme au figuré d’ailleurs), mangez bio, faites de l’exercice, riez. Ça coûte moins cher et c’est moins risqué que de passer sur le billard.
L’angoisse du bistouri
Il faut être honnête : la chirurgie esthétique, ça fait peur. Quand on y pense, on visualise très nettement les images des ratés, des excès… Ces images effrayantes ne sont bien sûr pas représentatives de la majorité des opérations mais sont plus marquantes pour les esprits. L’autre raison est aussi que les personnes dont les injections, les liftings (ou même les « petites retouches » impliquant un bistouri ou une aiguille) ont réussi « omettent » souvent de le mentionner. La chirurgie est bien là, mais elle est invisible. C’est ainsi : son destin est de rester cachée dans l’ombre, tout en permettant à la personne opérée de briller.
Mais si les opérés n’en parlent pas, c’est un peu de ma faute. Le type de discours que je viens de tenir n’engage pas les personnes ayant eu recours à la chirurgie esthétique à en discuter ouvertement… Mon opinion contribue à pointer du doigt cette pratique, la stigmatisant, la rendant honteuse et inassumable. Pourtant ce n’est pas le but. Je pense sincèrement que chacun devrait être libre de vivre sa vie comme il l’entend sans être jugé !
Vanité ou nécessité ?
Évidemment, quand je parle de « vanité », j’y vais volontairement un peu fort. Et n’oublions pas qu’il y a bien sûr des cas où la chirurgie esthétique est parfaitement nécessaire.
J’ai la chance de ne pas être née avec un bec de lièvre. Pour ce type de malformation congénitale grave, je pense que le fait de devoir recourir à la chirurgie esthétique fait l’unanimité.
En y réfléchissant, je crois que la prise de position est assez simple sur les deux extrêmes : il est facile d’être pour la chirurgie esthétique réparatrice comme dans le cas du bec de lièvre, comme il est facile d’être contre les excès façon ballon de baudruche ou « tête de lionne ».
Si j’ai esquivé le bec de lièvre, je n’ai pour autant pas échappé aux oreilles décollées. N’allez pas m’imaginer avec deux petites protubérances mignonnes qui vous feraient dire la bouche en cœur « oh mais naaan, elles sont toutes mimi tes oreilles ! », non non, quand je dis décollées je vous parle de deux appendices gigantesques qui m’ont valu de pachydermiques sobriquets pendant toute mon enfance.
Un jour ma grand-mère, après m’avoir consolée d’une énième brimade, m’a dit que si vraiment cela que gênait, elle me paierait l’opération quand je serai adolescente.
J’ai longtemps considéré cette option.
Je vous l’avoue, cela m’a rassurée de pouvoir envisager de prendre cette porte de sortie si facile. Et puis finalement, j’ai survécu à l’adolescence avec mes deux éventails vissés de chaque côté de la tête en me disant que moi, ça ne me dérangeait pas d’être comme ça et que si cela dérangeait les autres, ce sont eux qui devaient envisager de changer.
Je suis comme je suis et le fait d’être restée « telle quelle » a contribué à forger mon caractère, ma personnalité. Je ne suis pas parfaite, mais je ne suis pas altérée.
S’accepter et dépasser ses complexes
Mon corps non plus n’est pas parfait. Troy et Mc Namara auraient du boulot pour une décennie s’ils choisissaient de s’occuper de mon cas. J’ai des complexes, comme toutes les femmes je crois, mais en même temps j’aime bien les signes ancrés dans ma chair et qui font que ce corps est le mien.
Certains éprouvent le besoin de se faire tatouer pour affirmer l’unicité de leur enveloppe corporelle, pour « s’approprier leur corps ». Cette une expression est souvent entendue au sortir des salons de tatouage. Moi, je n’ai pas besoin d’encre sur ma peau pour cela. Quand j’ôte mes vêtements je vois sur mon corps les marques de ce que j’ai vécu. Ces lignes qui se sont formées au fil du temps sont gravées sur mes hanches. On les compte comme on compterait les anneaux sur un arbre pour en déterminer l’âge.
Il y a même une transversale un peu plus profonde, un peu plus foncée, que je surnomme affectueusement du prénom de celui qui l’a engendrée en passant 9 mois dans ce petit cocon.
Je n’ai pas toujours envisagé les choses de cette manière. Je n’ai pas toujours eu un regard aussi bienveillant sur mon corps. Avec le temps, on apprend à (un peu mieux) s’accepter. Mais j’ai toujours des complexes. J’en ai même de nouveaux qui apparaissent spontanément là où je ne les attendais pas.
Ces marques que je voudrais effacer
Quand on pense aux marques du temps, on pense essentiellement aux rides, voire au relâchement cutané. C’étaient ces marques-là que j’envisageais d’accueillir avec bienveillance quand elles apparaîtraient.
Je n’avais jamais envisagé qu’un jour d’autres signes du temps passé m’amèneraient à revoir mon jugement jusque là si sévère sur la chirurgie esthétique.
J’avais pourtant bien lu les livres de grossesse. Religieusement, même, psalmodiant leurs 10 000 commandements : « au soleil tu ne t’exposeras point », « de la crème solaire tu appliqueras… ». J’ai suivi les instructions à la lettre. Mais cela n’a pas empêché de vilaines tâches d’apparaître sur mon visage.
Des tâches brunâtres, situées sous mes yeux, au dessus des pommettes. « Dans les 6 mois après l’accouchement, ces tâches disparaîtront », clamèrent mes fameux bouquins. J’ai attendu, attendu, attendu… Six mois. Un an. Dix-huit mois… les tâches sont toujours là. Pire : elles se sont étendues.
J’ai tenté de me les approprier. A défaut de les trouver jolies, j’ai essayé de les oublier, de faire abstraction de ces plaques disgracieuses lorsque mon regard les croisait dans le miroir. J’ai tenté de les faire disparaître à coup de crèmes à base de sérum de jouvence et de poudre de perlimpinpin. J’ai essayé de les camoufler. Moi auparavant si naturelle, je me suis cachée sous une épaisse couche de stick correcteur et de fond de teint. J’ai essayé de les accepter. J’ai laissé ma peau nue, en me disant que « si cela dérangeait les autres, ce sont eux qui devaient envisager de changer ».
Toutes mes tentatives ont échoué.
Là où l’apparence physique joue contre soi
Et puis un jour, en croisant par hasard mon regard dans le miroir après un entretien d’embauche, je me suis vue d’un œil extérieur.
Qui était donc cette fille si malheureuse, si fatiguée ?
Sur le moment, je ne me suis pas reconnue. Les marques brunes situées sous mes yeux forment de gigantesques cernes qui faussent mon expression faciale. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que mon apparence ne reflétait pas ce que j’étais à l’intérieur et pire, que ces tâches pouvaient me nuire en altérant l’image que les autres se faisaient de moi.
La fille du miroir, d’apparence si triste, si fatiguée, n’a pas réussi à convaincre le recruteur de son dynamisme et de sa joie de vivre. Elle n’a pas eu le poste qu’elle convoitait.
Avec mes grandes oreilles au moins, pas d’ambiguïté. Tout le monde a toujours présupposé – à juste titre – que j’étais « née avec ». Elles ne sont qu’un défaut esthétique, sans signification aucune. Par contre, mes marques brunes peuvent être interprétées de diverses façons, au gré de l’imagination de celui qui les voit.
Pendant les semaines qui ont suivi, j’ai ruminé cette idée, oscillant entre colère et sentiment d’impuissance. Et puis un jour, ma tante, qui ne m’avait pas vue depuis quelques mois, m’a demandé, dévisageant mes marques d’un air inquiet : « qu’est-ce que tu as là ? …tu t’es cognée ? ».
J’ai répondu calmement, mais dans ma tête, tout bouillonnait. Parmi ce magma brûlant, une pensée a alors émergé. Si ma tante pense que je me suis fait ça toute seule… que peuvent imaginer les autres ?
Finalement, il y avait pire scénario que de voir les gens penser « cette fille est fatiguée ». Surtout quand on considère la permanence suspecte de ces tâches sur mon visage. Quelques pistes sur ce que les autres peuvent s’imaginer : « cette fille est vraiment très maladroite », « cette fille est une masochiste adepte de l’auto-mutilation » ou encore, mon petit préféré, « cette fille se fait battre par son mec ».
Il n’y a que les imbéciles qui…
Cela a été un déclic. Ce jour-là j’ai commencé à me renseigner sur les professionnels de la chirurgie esthétique près de chez moi. Je ne suis pas encore tout à fait prête à sauter le pas, mais mon esprit n’y est plus totalement opposé comme c’était le cas auparavant. Penser que mon problème n’est pas sans solution me soulage déjà d’un poids. Je me sens un peu moins impuissante.
Je n’ai pas non plus l’impression de trahir mes convictions en envisageant cette solution. En vieillissant grandissant, j’ai appris à être moins catégorique, à ne plus voir les choses en noir ou blanc, mais de manière plus nuancée. Je me suis appris à ne pas juger les autres, leurs envies, leurs convictions. C’est grâce à cela qu’aujourd’hui je peux à la fois vous dire qu’il faut vous accepter tels que vous êtes et accepter votre âge mais aussi que si vous avez besoin d’un coup de pouce pour vous sentir bien dans votre peau, personne ne vous jugera… en tous cas pas moi !
Et vous, pensez-vous pouvoir vous laisser tenter un jour par la chirurgie esthétique ?
Le souci, c’est que c’est souvent raté ! Quand on voit toutes les stars qui y ont recours, elles arrivent toutes au même résultat (même chirurgien ?) : affreux ! Souvent ça les rend plus moches et plus vieilles qu’avant !
Après, tout dépend de ce que les gens veulent faire. Les excès c’est jamais bon. Améliorer un peu l’ordinaire si l’on a trop de complexes et que ça nuit, pourquoi pas !
Mais pas pour moi, j’ai trop peur ! lol
Moi aussi ça me fait peur. Et quand je vois le mot « laser » ça m’évoque plus Star Wars qu’un truc que j’ai envie d’avoir sur mon visage !!!
Pour moi la chirurgie esthétique peut être un bien. Si quelqu’un est très complexé, ça peut l’aider à s’assumer. La plupart des problèmes on peut les cacher (j’ai une grosse cicatrice moche de 15 cm sur le bide) mais si c’est sur le visage, on ne va pas vivre avec un sac en papier sur le tête.
Dans ton cas c’est un peu différent. On va dire que ça ne te met pas en valeur( c’est comme quelqu’un qui a une couperose avancée quoi! ), pire cela donne de fausse idée aux gens. Si tu pense que cela peut t’aider, vas-y
Je pense qu’à l’excès tout est mauvais. Mais tu n’a pas l’air d’être du genre à finir en poupée barbie donc ça va 😉
Une fois que j’aurai commencé, qui sait où je vais m’arrêter ? En plus, j’ai toujours rêvé d’avoir la vie de Barbie, alors…
PS : cool la solution du sac en papier sur la tête ! je n’y avais pas pensé avant !
Coucou!
Alors déjà, je n’ai pas vu ces taches quand je t’ai vue. J’ai vu une femme riante, pleine d’humour et jolie. Mais si tu dis qu’elles sont là, je te crois.
Ensuite, pour ce qui est de la chirurgie esthétique… J’avais une opinion assez tranchée avant. Bien sûr c’est facile quand on a aucun souci, ou qu’on ne connait personne qui en a, de dire que c’est maaaaal, qu’il faut s’accepter etc.
Cependant quand la personne fixe sur une chose qui pourrait facilement être « améliorée » où est le mal? Elle est où la limite entre la chirurgie « esthétique » et la chirurgie tout court? J’ai une copine qui a choisi de faire un opération parce que son poids était un problème. Ça a amélioré sa santé oui, mais son mental encore plus!
J’ai une autre amie qui envisageait de se faire augmenter la poitrine parce qu’elle en peut plus d’être coincée dans un « corps d’enfant »… Si ça peut l’aider, je soutiendrai son choix.
Effectivement il faut bien réfléchir avant de faire ce genre de procédures, et en général c’est le cas. Alors oui, la chirurgie esthétique n’est pas là pour améliorer la santé directement… mais si on améliore la façon dont la personne se voit… est ce que c’est pas bénéfique pour la santé en général? Pour moi la chirurgie esthétique (sans excès bien sûr) est plutôt là pour soigner l’esprit des gens que leur corps.
En tout cas c’est un choix personnel, et les gens qui t’entourent devraient te soutenir quel que soit ton choix.
A très bientôt!
Mais j’espère bien que tu n’avais pas remarqué mes taches la dernière fois où l’on s’est vues ! Parce que 1) j’étais maquillée comme une voiture volée avec une couche de fond de teint de 5 cm de profondeur, 2) il faisait sombre et 3) tu avais bu (soyons honnêtes : moi aussi). Dans ce genre de circonstances, mes taches, on les remarque moins (rassure-moi, t’avais quand même remarqué mes oreilles ?!? Non, ne réponds pas à cette question…)
Non, les peaux noires vieillissent bien en général donc je ne suis pas tentée 🙂
Rhooo la vilaine ! Tu piques ma jalousie…
Ouais mais moi comme je suis blonde mes cheveux blancs se voient moins, Na !
Très bel article, il est passé en tête de ma liste. J’ai aimé ta façon de le nuancer, d’abord plus humoristique et plus sérieux de fil en aiguilles. Concernant la chirurgie esthétique, j’étais du même avis que toi au départ, je pensais que c’était un caprice qu’une certaine classe sociale pouvait s’offrir. Mais finalement, utilisée à bon escient, la chirurgie peut être effectivement bénéfique. Surtout quand il est question de chirurgie réparatrice. On devrait toute s’accepter comme on est, en apprenant à se connaître et à se voir d’une manière plus objective. Vouloir « effacer » un détail de ton physique qui ne correspond pas à ta personnalité, je pense également que c’est une bonne chose. Comme dit l’adage » Aime toi et les autres t’aimeront » ! 😉
Je suis vraiment contente que tu aies aimé cet article ! En fait, je pense que vous êtes probablement assez peu nombreux à l’avoir lu en entier… Mais c’est normal : il est beaucoup trop long. Je m’en suis rendue compte au moment de le publier. J’ai failli faire des coupes dedans… mais finalement non, je préférais laisser intact le « cheminement » rédactionnel qui faisait écho à celui de ma pensée. J’aurais pu traiter les choses différemment, faire beaucoup plus court, plus léger. Parfois, c’est amusant aussi de faire « light ». Mais le sujet de cet article, tout autant que la chirurgie esthétique, c’est de montrer qu’en grandissant, parfois, nos opinions évoluent et que l’on apprend à avoir un avis « éclairé » sur certaines choses. Et grandir, ça ne se fait pas en 2 min, ça aussi, ça prend du temps…
Justement, le raccourcir serait dommage. Tu as écrit avec ton coeur et ton intégrité ça se voit, alors qu’il soit plus long que les autres ça n’a pas tellement d’importance, personnellement je ne me suis pas ennuyée en le lisant c’est passé crème (comme on dit dans le sud) !